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LES BENZODIAZÉPINES:

Plus dangereuses qu'on ne le pense**

Connues généralement sous le nom de tranquillisants ou somnifères, les benzodiazépines sont des médicaments distribués sur ordonnance. A l'origine, elles ont été conçues pour un soulagement rapide des problèmes liés à l'anxiété et à l'insomnie, de même que pour aider au sevrage d'autres médicaments ainsi que de l'alcool. Ce sont des dépresseurs du système nerveux central et elles ont toutes des effets profonds sur le corps et l'esprit.

Actuellement, on peut se procurer une quinzaine de benzodiazépines au Canada, dont les noms peuvent varier d'une province à l'autre. Parmi celles-ci, on trouve (le premier mot est celui de la marque et le second du nom générique):

Ativan (lorazépam) Restoril (témazépam)
Halcion (triazolam) Rivotril (clonazépam)
Xanax (alprazolam) Tranxene (clorazépate)
Serax (oxazépam) Mogadon (nitrazépam)
Somnal/Dalmane (flurazépam) Klonopin (clonazépam)
Lectopam (bromazépam) Librium (chlordiazépoxide)
Valium (diazépam) Loftran (kétazolam)

Parmi les benzodiazépines les plus prescrites au Canada, on compte Ativan, Serax, Xanax, Klonopin et Valium.

Ambien (zolpidem), Imovane* (zopiclone) et Starnoc (zaleplon), somnifères normalement prescrits contre l'insomnie, ne sont pas des benzodiazépines proprement dites, mais agissent de la même façon sur le système nerveux central. Comme toutes les benzodiazépines, ces somnifères peuvent potentiellement mener à une dépendance.

Bien que toutes les benzodiazépines soient de structure chimique semblable, elles n'ont pas toutes la même puissance ni la même demi-vie, c'est-à-dire le temps qu'il faut pour que la moitié de la substance consommée soit éliminée de l'organisme. Ainsi, la demi-vie du Valium est bien plus longue que celles de l'Ativan, le Serax ou le Xanax.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les quantités consommées ne sont pas équivalentes selon qu'on passe d'une benzodiazépine à une autre: ainsi, 0,5mg de Klonopin a la même puissance qu'environ 10mg de Valium.

Les femmes en consomment davantage que les hommes

Les benzodiazépines ont été conçues au départ pour un usage ne devant pas dépasser 7 à 10 jours. Encore aujourd'hui, les médecins les prescrivent pour des périodes beaucoup plus longues.

Les femmes consomment davantage de benzodiazépines que les hommes, soit dans une proportion de deux pour un. Il y en a qui en prennent pour soulager des problèmes d'anxiété ou d'insomnie. Pour d'autres, il s'agit d'affronter différents problèmes, tels qu'un traumatisme, un deuil, des douleurs aiguës ou chroniques, ou s'aider à franchir une étape importante comme la naissance d'un enfant ou la ménopause. Enfin, on en trouve aussi qui s'en servent contre le stress, en voyage ou même pour faire face aux tâches ménagères.

Il y en a plusieurs qui croient qu'on prescrit trop de benzodiazépines aux femmes, qu'on choisit de leur offrir des psychotropes plutôt que de l'appui dont elles ont besoin pour affronter les moments difficiles de la vie. Il y en a d'autres qui jugent qu'on expose ce faisant les femmes à un risque trop élevé de devenir dépendantes de ces médicaments.

La dépendance

La consommation de tranquillisants et de somnifères peut entraîner une dépendance physique et psychique. On a cru jadis qu'il fallait en prendre longtemps et à doses élevées. Or, il ressort de plus en plus qu'à doses thérapeutiques et pour de courtes périodes, ces médicaments sont sources de problèmes. Même une consommation irrégulière à court ou long termes (par exemple, prendre une pilule de 4 à 5 fois la semaine) peut être cause de dépendance. Les quantités consommées, bien qu'ayant leur importance, ne sont pas aussi déterminantes qu'on le dit souvent.

Parce que la dépendance est un processus chimique, toute personne y est vulnérable quels que soient ses antécédents, ses revenus, son niveau d'éducation ou son âge.

Quiconque possède un ou plusieurs des traits suivants pourrait être dépendant des benzodiazépines:

  • incapacité de se passer de ces médicaments pour fonctionner;

  • plusieurs tentatives infructueuses de réduire ou mettre fin à leur consommation;

  • sensation excessivement inconfortable en cas d'oubli de la prise d'une pilule (ex. hausse de l'anxiété, panique, agitation, insomnie);

  • se donner beaucoup de mal pour avoir ses pilules à portée de main ou paniquer en cas de non disponibilité;

  • veiller minutieusement à leur approvisionnement pour être sûr de ne pas en manquer;

  • en prendre quelques-unes de plus en cas de situations anxieuses;

  • en prendre de plus en plus avec le temps.

Une des caractéristiques de la dépendance aux benzodiazépines, au contraire de celle aux drogues illégales, est qu'elle incite ses accros à en consommer davantage. Sauf s'ils sont invités à le faire, par leurs prescripteurs le plus souvent, les accros aux benzos n'augmentent pas leur dose, préférant lutter contre vents et marées avec ce à quoi ils sont habitués. S'ils ne peuvent plus s'en passer, c'est parce qu'ils ne peuvent supporter les symptômes qui leur sont associés plutôt que pour contrer les effets pour lesquels les benzodiazépines avaient été prescrites au départ.

Tolérance et sensation de sevrage entre deux prises

Il y a peu de gens qui réalisent qu'on peut ressentir des symptômes de sevrage tout en continuant à prendre des benzodiazépines. S'il en est ainsi, c'est qu'au moment où la tolérance au médicament s'accentue, les "bénéfices" qu'on retire en en prenant disparaissent de plus en plus rapidement: entre deux prises médicamenteuses, les symptômes peuvent être les mêmes qu'en période de sevrage proprement dite, imitant les problèmes (anxiété, panique, agoraphobie ou insomnie par exemple) que la benzodiazépine était censée résoudre à l'origine. En fait, ceux qui souffrent de sevrage entre deux prises craignent le plus souvent une détérioration de leur condition initiale, entraînant les prescripteurs à augmenter la dose, voire à prescrire d'autres médicaments tels les antidépresseurs, alors qu'en fait, il ne s'agit simplement que des effets secondaires liés aux benzodiazépines.

Le sevrage

Il arrive un moment où les effets négatifs engendrés par les benzodiazépines priment sur les bénéfices de départ. On peut en arriver à ressentir vivement les effets secondaires, à se sentir de moins en moins bien ou à prendre la décision de ne plus dépendre de médicaments pour faire face à ses problèmes. Néanmoins, il importe d'amorcer tout sevrage que très lentement et en consultant ceux qui s'y connaissent en la matière.

  • N'arrêter jamais la prise de benzodiazépines soudainement. Le sevrage "cold turkey", en particulier à partir de fortes doses de benzodiazépines, est extrêmement dangereux et peut entraîner des crises et des effets secondaires dommageables à long terme.

  • Si vous avez décidé de réduire la dose ou d'arrêter de prendre des benzodiazépines, essayer de trouver de l'appui chez un médecin ou tout autre prestataire de soins qui connaît ce sujet.

Le sevrage est différent selon les personnes. Quelques-uns ne ressentiront aucun effet secondaire. Mais la plupart éprouveront de nombreux symptômes, parfois toute la kyrielle, au cours de périodes plus ou moins longues, soit pendant le sevrage ou après avoir cessé de prendre définitivement des benzodiazépines. (La liste qui suit est partielle):

Symptômes les plus communs:

  • insomnie et sommeil agité

  • hausse d'anxiété et attaques de panique

  • symptômes grippaux

  • douleurs et raideurs musculaires (surtout au cou, mâchoires, épaules et jambes)

  • hypersensibilité à la lumière

  • dépression ou cafard

  • nervosité, agitation

  • problèmes de mémoire et de concentration

  • étourdissements et vertiges

  • faiblesse, tremblements, spasmes musculaires

  • palpitations, transpiration

  • nausée, indigestion, syndrome du colon irritable

  • modification de la vue, de l'audition et d'autres sens

  • obsessions

  • maux de tête

  • flashes suicidaires

Symptômes moins communs:

  • agoraphobie

  • oppression du crâne

  • sensation de dépersonnalisation (la perte de son identité)

  • déréalisation (sentiment d'étrangeté, perte de familiarité)

  • idées suicidaires persistantes, paranoïa

  • picotements, engourdissements

  • hallucinations auditives ou visuelles

  • poussées de rage et agressivité

  • sensations dermiques (aiguilles et épingles qui semblent entrer sous la peau)

  • hypersensibilité aux sons et au toucher

  • augmentation de la salive, difficulté à avaler

  • changements dans le cycle menstruel

Difficultés à obtenir de l'aide

La plupart des gens, y compris les médecins, ne se rendent pas comptent que leurs symptômes pourraient être causés par les benzodiazépines qu'ils consomment. Ces personnes pourraient ne pas comprendre ce qui se passe, parce que leurs médicaments sont prescrits par quelqu'un en qui ils ont confiance. De plus, il est fréquent qu'on devienne honteux à être dépendant d'un médicament ou qu'on ne sache pas où chercher de l'aide. Beaucoup de services d'aide aux dépendants s'adressent à ceux qui ont des problèmes d'alcool ou de drogues illégales. Or, on constate qu'il y a un manque de programmes gérés par des gens compétents destinés à ceux qui sont devenus dépendants des benzodiazépines et qui voudraient s'en sevrer.

Comme c'est également le cas dans des domaines plus généraux d'aide aux personnes en difficulté dans notre société, le soutien aux personnes aux prises avec ce genre de dépendance souffre de très graves lacunes.

Guide raisonné sur le sevrage

Afin de minimiser les effets sur le corps et l'esprit, il est recommandé de procéder à un sevrage très lent des benzodiazépines. La plupart des spécialistes recommandent de passer à une benzodiazépine à demi-vie longue tel le Valium, afin de minimiser au maximum les hauts et les bas associés au sevrage de benzodiazépines à durée plus courte.

Ces spécialistes s'entendent pour proposer une diminution de 10 à 20% toutes les deux semaines de la benzodiazépine consommée. Certains trouveront ce protocole trop brutal, pendant que d'autres voudront accélérer le rythme. En fait, il n'y a pas de voie royale vers l'abstinence totale, car il y a tellement de variables pour s'interdire une règle générale et valable pour tous.

Dans son manuel sur le protocole de sevrage des benzodiazépines, Heather Ashton (voir la bibliographie ci-après) dit: "l'expérience de la plupart des patients invite à penser qu'un sevrage lent est de beaucoup préférable, surtout si le sujet détermine son propre rythme. En effet, beaucoup de patients trouvent qu'il y a peu ou pas du tout d'"agonie" ce faisant. Cependant, il n'y a pas de solution miracle au sevrage et chaque personne doit trouver son propre rythme. Ceux qui ont pris de petites doses de benzodiazépines pour une période relativement courte (moins d'une année) peuvent habituellement se sevrer assez rapidement. Ceux qui ont pris des doses élevées et puissantes comme le Xanax, le Klonopin sont susceptibles d'avoir besoin de plus de temps." A noter qu'on pourrait ajouter à ces derniers l'Ativan, très populaire au Canada et tout aussi puissant.

Ceux qui sont en sevrage de benzodiazépines doivent connaître les symptômes possibles leur étant associés, éviter de consommer de l'alcool, bien se nourrir, et faire de l'exercice sur une base régulière. Les deux aspects les plus importants du sevrage sont le temps et la patience. Trouver un groupe d'appui est également important pendant le sevrage et la guérison. Depuis l'apparition d'Internet, on constate la naissance d'un nombre croissant se sites consacrés à ce sujet. Ces sites sont presque exclusivement en anglais, ainsi que les échanges d'informations ou de courriels qui s'y rattachent.

Sites Internet (en anglais):

Sites Internet (en français):

Groupe d'appui dans Internet (en anglais):

Livres

  • Voir aussi: Benzo Books & Other Resources

  • Professor C Heather Ashton DM, FRCP. Les Benzodiazépines: Comment agissent-elles et comment s'en sevrer ? , 2002.

  • Breggin, P.R. et Cohen, D., Your Drug May Be Your Problem: How and Why to Stop Using Psychiatric Medications, Perseus Books (également disponible par www.breggin.com), 1999.

  • Cohen, D., Guide critique des médicaments de l'âme, Éditions de l'Homme, Montréal, 1995.

  • Coleman V., Life Without Tranquilizers, Corgi Books, Londres, 1985.

  • Drummond, E.H., Benzo Blues: A Groundbreaking Program for Overcoming Anxiety Without Tranquilizers, A Plume Book, 1997.

  • Gadsby, Joan E., Addiction By Prescription: One Woman's Triumph and Fight for Change, Key Porter Books, Toronto, 2000.

  • Haddon, C., Women and Tranquillizers, Sheldon Press, Londres, 1984.

  • Melville, J., The Tranquillizer Trap and How to Get Out of it, Fontana Books, Londres, 1984.

  • Porritt, D. et Russell, D., The Accidental Addict, Pan Macmillan Publishers, Australie, 1994.

  • Ricketts, Max, avec Edwin Bien, M.D., The Great Anxiety Escape, Matulungin Publishing, La Mesa, 1990.

  • Trickett, S., Free Yourself from Tranquilizers and Sleeping Pills: A Natural Approach, Ulysses Press, Berkeley, 1997.

  • Weekes, C., Hope and Help for Your Nerves: Peace from Nervous Suffering, Penguin Group, Toronto, 1990.

  • Zarifian, E., Le prix du bien-être: psychotropes et société, Éditions Odile Jacob, Paris, septembre 1996.

* Comme nous l'avons dit au début du document, les marques peuvent changer d'un territoire à un autre. Ainsi, Imovane au Québec devient Phovane en Alberta par exemple.

**Ce document, de la Women's Addiction Foundation en Colombie-Britannique, a été préparé par Frances Kirson, avec la participation de Sue McGowan, Nancy Poole et Janet Currie***. Traduction et adaptation française: Jean-Pierre Langlois***.

*** Ces deux derniers sont membres du groupe Benzodiazepine Awareness Network (BAN), soit une organisation internationale qui se voue à la prise de conscience des risques associés aux tranquillisants et somnifères et qui aident les accros involontaires qui veulent se sevrer. De plus, BAN cherche à changer les mentalités et les pratiques portant sur les benzodiazépines, trop souvent synonymes d'énormes coûts personnels et sociaux.



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